Entre le 29 Février 2020 et le 31 Décembre 2021, là où Isabelle Piriou a achevé le premier extrait de son livre de mariage, beaucoup de choses se sont passées pour Linda et Jonathan, nos deux mariés du réveillon. Notamment les tractations pour organiser leur mariage avec les prestataires et particulièrement les lieux et salles de réception. Entre road trips, bague de fiançailles, pandémie, etc. la première vie de ce couple charmant qui habite notre livre, se révèle agitée voire chaotique parfois.

Mais Linda tient bon et reste déterminée à se marier dans son « écrin grandiose » : le Château de Vallery. Elle convaincra finalement Jonathan qui adhèrera à 200% au projet. Puis elle séduira la fabuleuse équipe du lieu qui aura l’idée de proposer la date du mariage en hiver, une date emblématique : le 31 Décembre ! Puis ce sera Linda qui, à son tour, sera séduite par la créatrice de livre de mariage, Isabelle Piriou, écrivain émérite qui nous livre ici le volet 2 de son conte de fée.

Livre 2

Des mariés, un château, des convives

« Dans les jardins, les invités se succèdent en amont du mariage. Ceux qui résident dans les nombreuses ailes et dépendances du château prennent tranquillement possession de leurs chambres. Luc s’est déjà installé. Arpentant les allées du parc, il répète, avec un brin de fébrilité son discours, livre à la main. « Heureusement, je me suis entrainé devant ma maman mais je la soupçonne de ne pas être très objective ! ». Puis il s’autorise quelques digressions qui le mènent de réflexions sur la crise sanitaire actuelle, qu’il qualifie de « prétexte à un immobilisme paralysant, n’autorisant plus les gens à rêver », à l’explication du film qu’il réalise.

« What a Wonderful World », l’air rendu célèbre par Louis Armstrong, semble venir de nulle part. Ou de partout à la fois. Et illustre à la perfection la sensation de magie ambiante qui règne sur les lieux.

Marie-Louise et Emeterio arrivent et sont accueillis par Luc, si cher à leur cœur de parents. Un des membres du staff du château, propose au papa de Jonathan d’amener ses valises dans sa chambre. Mais Emeterio proteste et l’en empêche : « Je suis bien capable de le faire, quand même ! » Pas habitué à ces fastes et un poil fier, il saisit les valises et se dirige vers leurs chambres.

Sa compagne tourne sur elle-même. Elle s’imprègne de la beauté des lieux. « Je suis éblouie ! Il me tarde de tout découvrir ! ». Laure les rejoint et confie qu’elle n’est pas rassurée à l’idée de faire un discours pour le mariage. « Il fait quelle taille le tien ? » : Luc est focus sur le sujet. « Deux minutes, je pense », répond-elle. « Ah, le mien fait trois pages… Il doit durer dix minutes ». L’inquiétude renaît.

Il est 14 heures 40. Les témoins et demoiselles d’honneur, en ordre dispersé, empruntent un petit chemin qui les mène vers la partie médiévale du domaine, au cœur des remparts du XIIe siècle. Ils doivent rejoindre les amoureux, stars du jour, dans leur nid d’amour.

Celui-ci porte bien son nom puisqu’il s’agit d’un immense pigeonnier. En fait, le plus vaste des pigeonniers de France ! Un bâtiment tout en courbes, aux couleurs ocres et naturelles qui se développe sur trois niveaux, surplombé par une grande verrière. Émerveillement assuré. Au rez-de-chaussée, une baignoire monolithique en pierre de Bourgogne attire le regard. Tommettes anciennes, bougeoirs en métal vieilli, énorme bouquet d’hortensias et de boules de neige, vasques en pierre brute confèrent une atmosphère de zénitude absolue à l’ensemble.

Un escalier hélicoïdal en métal cuivré grimpe sur plus de huit mètres. Il mène dans un premier temps à la chambre, qui occupe l’intégralité du premier niveau. Les murs, badigeonnés de chaux, sont habillés par non moins de deux mille huit cent quarante-quatre boulins. Ils forment les alcôves dans lesquelles les pigeons princiers logeaient et occupent tous les pans de mur de la tour.

Au centre, trône un lit de plus de deux mètres de diamètre au pied duquel un grand tapis habille le parquet ancien. Cachée derrière des dalles de verre dépoli, où un envol de colombes est gravé, une alcôve dédiée à la toilette et un petit dressing. Au dernier niveau, une coursive fait office de mezzanine. Un télescope est posé là, entre grimoires et livres anciens : le spectacle, à la nuit tombée, de la voûte céleste doit être incroyable. Les nuits à venir seront dédicacées à la lune et aux étoiles… Tout un programme pour les époux. Pour l’instant c’est une tempête de ciel bleu qui s’abat sur la verrière.

Linda est sagement assise sur le bord du lit, mains jointes et regard lointain. Certainement à nouveau préoccupée par le déroulement de leur journée de mariage. Un programme qu’elle a anticipé au maximum afin d’en huiler tous les rouages. Une liste issue du grand livre nuptial qu’elle doit faire défiler dans son esprit. Jonathan bat le rappel, par téléphone interposé, afin de convier les acteurs pour la séance photos à venir. Et, soucieux pour ses parents, il s’assure qu’ils ont rejoint leur chambre pour s’y reposer un peu.

Chaque personne qui franchit la porte de la tour ronde s’exclame : « Oh là là, c’est magnifique ! », « Waouh, incroyable ! », « Que c’est beau ! ». David ouvre des yeux aussi ronds qu’un boulin ! Il est impressionné et Jonathan lui fournit les explications quant à l’usage du bâtiment par le passé, tout autre qu’une suite pour mariage. « Il y a un troisième niveau. On peut voir les étoiles ! Vous allez pouvoir monter faire un tour de ronde, voir si les allemands arrivent ! », plaisante Jonathan.

Idir prend possession des lieux également, inspecte, repère ses angles de vues. Devant sa petite sœur pensive, il sourit. Comme pour l’assurer de sa présence, comme un réconfort, un sourire qui caresse le cœur. Ils échangent des regards entendus, dialoguant sans un mot mais se comprenant et s’apaisant mutuellement. Il entreprend de filmer le couple, les guide avec précision, sachant parfaitement ce qu’il veut obtenir. Quelques indications verbales, « Ayez un regard complice », « Regardez vers le bas », « Regardez-vous », quelques gestes pour prolonger ses consignes. Tout est fluide. Idir tourne autour d’eux. Les mariés oscillent entre naturel et concentration… et se prêtent au jeu du vidéaste.

Le duo de photographes s’introduit dans la ronde. L’anglais, l’espagnol se répondent. David, à la recherche de la spontanéité la plus pure, provoque des éclats de rire. « Nice, very nice ! », approuve-t-il. Il faut qu’il fasse oublier aux mariés les regards des convives disposés autour de la scène centrale. « Look at me. Yes, like this ». Ils investissent tous les coins et recoins, s’isolent au dernier niveau de la tour. Photo, vidéo mais également mes notes pour un livre sur ce mariage cosmopolite et original.

Émilie et sa check-list arrivent. Tour d’horizon et vérifications. Avec le reste de la Team Bride, Tidia, Nourina et Nora s’assoient sur les bancs disposés autour de la pièce. Et papotent. Malika s’est glissée dans la pièce et assiste à cette effervescence avec délectation. Nahla porte une nouvelle tenue : une robe dorée, identique à celle de sa cousine. Le duo est ravissant. Et inséparable.

Louise et Emeterio font leur apparition. Impressionnés par la beauté du Pigeonnier, comme tous. Et la charge émotionnelle qui les submerge est à nouveau immense. Les larmes ressurgissent dans leurs yeux. Jonathan l’a perçu. Très proche de ses parents, il est à l’affût de la moindre de leurs réactions. « Que guapo ! C’est magnifique ! Qu’est-ce que tu es beau ! », murmure Emeterio à l’oreille de son fils.

David a les consignes des mariés et doit, en un minimum de temps, coordonner son petit monde, véritable metteur en scène, épaulé par sa compagne. Chacun se tient plus ou moins à sa disposition, prêt à jouer les figurants ou à sortir du plan quelques minutes. Un jeu de chaises musicales dirigé par le photographe qui vibrionne. Il sait parfaitement qui doit apparaitre… ou disparaitre. Carla et David n’en sont pas à leur premier mariage mais gardent une belle spontanéité. Les groupes sont constitués. « Nahla, assieds-toi ! Et cache tes bottes avec ta robe ! », « Haroun, remets bien ta cravate ! ».

La séance photos se termine dans une lumière dorée, raccord avec le dress-code du jour. David fait le point avec les mariés pour s’assurer que le cahier des charges du mariage est rempli. Il a fait montre d’une patience, d’une adaptabilité et d’une gentillesse remarquables. Mais il a quelques derniers souhaits. Il voudrait trouver l’impulsion pour faire éclater de rire l’ensemble des figurants, pour créer un tableau le plus euphorique possible. Jonathan vient à sa rescousse : « Le mariage est annulé ! », annonce-t-il. Effet assuré, stupéfaction et visages radieux.

Sur le dernier cliché, David permet aux acteurs d’exulter : « Viva los novios ! », leur propose-t-il de crier. Les mains se lèvent, les sourires barrent les visages. « Nice, it’s ok ! », conclut-il, visiblement satisfait. Applaudissements nourris. Clap de fin. Tout sera consigné dans le livre. Jonathan s’agenouille devant Jennifer et Nahla. Il leur demande si elles vont bien, si la séance n’a pas été trop longue pour elles. Bienveillant. Définitivement.

Un mariage qui mérite bien son livre

Le soleil d’hiver fait son lit. Il décline doucement derrière les bâtiments historiques. Leur ombre se projette sur le parc. L’atmosphère se fait plus mystérieuse, presque mystique. Luciano Pavarotti qui interprète Caruso puis l’air de Carmina Burana chanté par le groupe New-Age Era n’y sont pas étrangers. Dans la Grande Galerie, Hamed et ses associés mettent un point final à leur œuvre. Enfin, presque.

À la hâte, il faut mettre les dernières touches à la décoration de la Salle des Tentures, où se tiendra le cocktail déjà pourvu du livre d’or de mariage. Stéphane s’intéresse aux gestes d’Hamed. Celui-ci ne balbutie pas : il pique les tiges de fleurs de la pampa dans la mousse qui leur sert de support avec assurance. Il tourne régulièrement autour de ses créations. Le geste assuré et le visage grave.

Stéphane entreprend de l’imiter, sous le regard rieur de l’artiste et quelques invités. Hamed l’inclut dans son travail, lui proposant de le mimer. Adeline et Marc assistent à la scène. L’une plus admirative, l’autre plus moqueur. Et Hamed termine la composition des coupes de fleurs de la pampa, particulières au thème de mariage. Idir s’est assis un livre à la main. Il visionne quelques plans et projette certainement la suite.

Philippe est arrivé. Costume sombre et cravate jaune doré, il fait un rapide tour d’horizon pour évaluer l’espace. Armé de son matériel, il va créer sa propre mise en scène en se glissant dans la décoration ambiante. Il déploie son pupitre qu’il va habiller de blanc, installe une petite table pour les certificats d’union, demande à parler « au responsable de l’organisation du mariage ».

On lui souffle qu’il s’agît de Jonathan, le fils de Patrice, propriétaire du château. Il plante son cadre, cherche la position idéale pour s’adresser à l’assemblée, en fonction du placement de ses mariés. Idir est non loin de lui, coordonnant ses mouvements avec l’officiant.

Entre quelques convives, Marie-Louise est dans la Grande Galerie, aux côtés de Christiane, la marraine de Jonathan. « On se connait depuis cinquante ans. Elle m’a aidée au début à me débrouiller en français. Je lui dois une fière chandelle et quelques livres et dictionnaires. On est toujours restées liées et c’était la meilleure personne à qui je puisse confier mon fils. C’est une belle personne » Christiane est touchée et prend la main de son amie : « Merci, toi aussi tu es adorable. Et j’aime Jonathan plus que tout ! ».

Jennifer a revêtu une nouvelle robe, plus habillée pour le mariage, destinée à la soirée. Nora a pour elle un regard chargé d’admiration. Nahla se tient tout à côté de sa cousine. Une jeune femme, cousine de Nora, se souvient : « Je suis la sœur de cœur de Nora, nous sommes arrivées d’Algérie ensemble, nous avons vécu ensemble. Je connais Linda depuis sa naissance. Je l’ai vue grandir. C’est la petite dernière et j’ai beaucoup d’affection pour elle ».

17 heures 10. La musique de Vangelis accompagne la pénombre qui gagne le parc. La température extérieure s’est rafraichie. La Grande Galerie est illuminée, prête à accueillir la cérémonie d’engagement du mariage. Les projecteurs cachés dans les voûtes subliment la décoration florale.

L’officiant est à son pupitre revêtu d’un livre et de quelques feuillets. Les quelques quatre-vingts invités prennent place de part et d’autre de l’allée centrale. Toutes sont ébahies devant la beauté des compositions créées par la Team Amaryllis. L’originalité des énormes boules accrochées aux voûtes produit l’effet escompté.

Linda et Jonathan descendent du Pigeonnier, escortés par un membre de l’équipe, à l’abri des regards. Leurs sourires sont toujours de mise. Linda tient sa traine pour ne pas l’abimer sur les gravillons. Jonathan a dans les mains les feuillets d’un livre sur lesquels sont retranscrits leurs vœux.

La pression monte, à quelques secondes d’un des temps forts de leur mariage. Dans un couloir étroit, ils se recentrent et font enfin leur entrée, dos à l’assemblée. Idir est dans l’allée, les photographes à des points stratégiques pour ne pas manquer une once de la cérémonie. Main dans la main, les jeunes mariés s’avancent.

« Your song », la voix de sirupeuse d’Ellie Goulding envahit la pièce. Les visages se retournent. La grâce, la douceur et la solennité de la scène qui se déroule devant leurs yeux sont saisissantes. Aussi beaux que souriants, Linda et Jonathan remontent l’allée jonchée de pétales de roses.

Ils saluent d’un sourire les nouveaux invités qu’ils n’ont pas encore eu l’occasion de rencontrer. Ils découvrent en même temps la décoration de la salle. Comme s’il voulait tout voir, le regard de Jonathan balaie l’ensemble des lieux, semble détailler l’assemblée. Puis ils rejoignent les deux sièges qui leur sont destinés, sous les applaudissements des convives.

À leur droite, de trois quarts face à la salle, Philippe leur sourit. Au premier rang, d’un côté de l’allée, Emeterio, son épouse, Jean-Noël et Luc sont assis face à Jonathan. De l’autre côté, Haroun, et son inséparable appareil photo, Malika, Nahla sur les genoux d’Émilie, Jennifer et Nora. Une harmonie de doré pour un mariage d’hiver et des invités émerveillés.

La voix de Philippe, très solennelle, succède aux applaudissements. Grâce à une sonorisation intégrée dans les alcôves et les voilages, elle semble envahir la galerie. « Bonsoir mesdames et messieurs. Bienvenue à tous. Chers parents, chers amis. Nous voici réunis ici pour célébrer le mariage de Linda et Jonathan. Avant de commencer, les mariés se joignent à moi pour vous remercier tous d’être venus si nombreux aujourd’hui et particulièrement ceux qui sont venus de loin…»

Suite de ce récit de mariage