L'image d'Août 2019

L’image d’Août 2019

Le Pigeonnier de Vallery et son histoire.

Le Pigeonnier de Vallery et son histoire : une autre particularité du château. Le domaine détient en « son royaume » l’un des plus vastes pigeonniers de France. Les premiers pigeonniers apparaissent dans l’Antiquité, en Égypte ainsi que dans la région de Thèbes ou de Rome. La finalité de ces constructions était de recueillir les fientes pour les cultures.

On avait également coutume de gaver les prisonniers de pigeons pour récolter leurs urines chargées d’acide urique. Elles devaient constituer le fixatif pour produire les plus belles ocres des vitraux de nos églises. Ce « secret de fabrication » fut très longtemps préservé de la curiosité, de la République de Venise notamment. Toute divulgation était punie de la peine capitale.

Il est intéressant de noter que durant deux mille ans, les traités de construction des anciens tels Pline ou Varron furent suivis à la lettre. Le pigeonnier de Vallery et son histoire ne font aucune entorse à la règle. L’édifice est ainsi construit sur l’endroit le plus élevé du site, pour faciliter l’envol des volatiles. De même est-il bâti assez loin de l’Orvanne : l’eau froide tuent les pigeonneaux.

Ainsi il convient que l’eau ait le temps de se réchauffer en chemin dans le gosier des parents pour couler tiède dans l’estomac des petits. La partie supérieure de la tour dispose d’un encorbellement en pierre pour dissuader les rongeurs d’escalader la façade.

L’épaisseur des murs est d’un mètre quinze afin d’éviter que les œufs ne gèlent. Les trous d’envol formant « maille » mesurent les dix centimètres de diamètre qu’ils ne doivent excéder, et interdisent de fait l’accès aux buses et autres prédateurs. 

Un ouvrage d’exception

L’homme n’aura édifié des œuvres d’art architecturales à l’usage des animaux domestiques que pour le pigeon et le cheval. Et encore, les écuries n’apparaissent en tant qu’œuvres monumentales qu’au XVIIe siècle.

Seuls les seigneurs de haute justice pouvaient posséder des pigeonniers à pied, constructions séparées du corps du logis principal. La coutume autorise sept couples de pigeons par arpent (un arpent de terre équivalant à quatre mille cinq cents mètres carrés). Elle stipule également qu’en cas de vente d’une partie du territoire, la capacité en boulins doit être réactualisée à la baisse.

Ainsi les boulins excédentaires étaient supprimés et bouchés au plâtre. Les deux mille huit cent quarante-quatre boulins du château de Vallery laissent supposer que les terres excédaient cent quatre-vingt hectares. De fait, le domaine s’étendait à l’époque bien au-delà de Villethierry !

Le Pigeonnier fait face au château Renaissance et ses grandes salles. Il n’abrite désormais plus que le sommeil de nos mariés. Les compagnons Didier Vion et son fils adoptif qui ont œuvré à sa restauration sont sans doute parmi les derniers à avoir, au début du XXIe siècle, édifié des boulins dans une tradition deux fois millénaire.